Déplacement au sol & Systema


Publié le 14.12.2020

Ramper…

Ou le dernier épisode de notre triptyque sur les modes de transports doux, après «  marcher  » et «  courir  »…

A la sempiternelle question, «  comment m’entraîner en Systema sans partenaire  ?  », la plupart des personnes ayant quelque expérience dans la partie répondent invariablement  : «  bougez au sol  ».(en fait certains répondent «  faites des pompes  » mais 1. souvent ces instructeurs ou instructrices répondent la même chose quelque soit la question 2. les pompes sont au fond une manière un peu répétitive de se déplacer au sol 3. on a déjà balancé un article sur les pompes lors du dernier confinement 4. si on veut imiter Vladimir Vasiliev on est pas obligé-e d’en faire[1]).

Plusieurs pratiquants de haut niveau ajoutent que les déplacements au sol sont particulièrement indiqués pour travailler les tensions, notamment psychologique… en plus de tout le reste. C’est vrai que ramper ou rouler, c’est d’abord une manière de se masser contre le sol (un massage qu’on peut commencer à goûter une fois habitué au froid, à la poussière, aux petits cailloux voir aux débris de verre en fonction de son praticable). Ensuite au sol on lâche forcément quelque chose  : notamment l’empire de la vision royale et son branchement sur la conscience souveraine  ; en termes un peu moins pompeux, quand on se déplace au sol on n’a pas une vision claire et (soit disant) entière de la situation, par rapport à la station verticale le regard est vraiment embarqué dans le mouvement et ses accidents divers, on doit beaucoup plus compter nos autres sens (et principalement le toucher) pour capter où on se trouve dans l’espace, vers où on avance, etc. Bref avec ce travail en sensations on vient tout particulièrement nourrir notre proprioception, une manière aussi de travailler en interne, surtout quand on ajoute des apnées, le travail sur la respiration de manière générale, les jeux de tension et relaxation, etc. etc.

Et puis du renfort… Bouger au sol, surtout au début, ou quand on le fait longtemps, c’est fatigant. La gravité ne nous fait pas trop de cadeaux (à part le fait de nous apprendre de nouvelles manières de bouger, de sentir son corps et le monde alentour… ce qui n’est pas rien). On se renforce au sol… mais toujours en mouvement et pour le mouvement  : des exercices donc qui ne sont pas ingrats, pour paraphraser un maître de vie de ma connaissance.

Donc bouger au sol mais pour y faire quoi  ? Bah une fois de plus on bottera en touche en expliquant que ces petits billets ne sont pas à proprement parler des notices techniques ni des programmes d’entraînement en bonne et due forme. (en plus on trouve sur le grand internet plein de vidéo de gens en sarouel bougeant au sol en mode mouvements animaux, ou de types en treillis qui font des roulades de toutes sortes – et parfois s’essaient aux déplacements animaux comme quand ils descendent les escaliers façon glissade de manchots sur la banquise).

On pourra privilégier toutefois un départ en douceur, amener le mouvement en amplifiant le jeu respiratoire (avec ses pleins et ses vides) ou des exercices de tension relaxation… et puis après ramper, rouler, se tortiller en donnant les directions ou les impulsions depuis différentes parties motrices (tête, mains, pieds, muscles profonds autour de la colonne, hanches, etc.). ça peut être drôle évidemment d’enlever certaine partie du jeu (bouger sans les bras, les jambes). Tout ce qu’on trouvera pour pour accepter au mieux notre «  devenir vermisseaux dans la boue du réel  » (paraphrase d’un autre maître de vie, plus éloigné dans l’espace et le temps).

Bougez bougez

[1]     Un pratiquant chevronné interroge Vasiliev sur ses routines d’entraînement, lui demande quelles séries et quels styles de pompes il pratique chez lui puisqu’il ne le voit  jamais pratiquer à l’école. Réponse du maître  : «  est ce que tu as déjà vu un tigre faire des pompes  ?  » _ en même temps on en a jamais vu non plus manier un couteau ou vendre des DVD

 

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